lundi 19 décembre 2016

Io! Bona Saturnalia!

Avete, Χαίρετε !

Du 17 au 23 décembre, les Romains faisaient la fête. En l'honneur de Saturne et afin de célébrer le solstice d'hiver, ces Saturnalia étaient pour eux l'occasion de se réunir autour de banquets plantureux, d'échanger des cadeaux: chandelles de cire, figurines d'argile; pendant ces quelques jours, les rôles étaient inversés: les esclaves pouvaient commander à leurs maîtres et même être servis par eux.


Saturnales (Callet)

Personne ne revêtait la toge, chacun passait la tunique, vêtement des pauvres et des esclaves, et se coiffait du pileus libertatis, bonnet de liberté que portaient les affranchis et qui fut remis à l'honneur lors de la Révolution française.

 Une foule en liesse se répandait dans les rues criant "Io bona Saturnalia!" 


Pourquoi cette fête en l'honneur de Saturne? Peut-être pour commémorer cet Âge d'Or que connurent les hommes lorsque ce dieu régnait sur la terre, lorsque les moissons poussaient toutes seules, lorsque les hommes étaient égaux...

Voici un extrait des Saturnales de Lucien de Samosate (IIe siècle de notre ère; il s'agit des "Lois du banquet" dont la traduction est de Philippe Renault



18. L'échanson aura continuellement les yeux fixés sur chacun des convives plus encore que sur son maître: il faut qu'il ait l'oreille fine. - Coupes de toute espèce. - Libre à chacun, quand il voudra, de porter une santé. Tout le monde pourra boire à un convive et lui offrir la coupe, quand un riche aura donné le signal. Nul n'est forcé de boire, s'il ne le peut pas. - Il n'est pas permis d'amener au banquet un danseur ou un cithariste novice encore dans son métier.- La plaisanterie s'arrêtera, dès qu'elle causera de la peine. - Sur toute chose, l'enjeu pour les dés ne sera que des noix : si quelqu'un joue de l'argent, qu'il jeûne jusqu'au lendemain. - On reste ou l'on s'en va, quand on veut - Quand le riche traitera ses esclaves, il les servira lui-même avec l'aide de ses amis. - Que chaque riche ait soin de faire graver ces lois sur une colonne d'airain, dressée au milieu de la cour, afin qu'on puisse les lire. Il faut savoir que, tant que cette colonne sera debout, ni faim, ni peste, ni incendies, ni aucun autre malheur ne fondra sur la maison des riches. Mais si on la renverse, ce que je souhaite n'arriver jamais, puissent les dieux détourner ce qui doit s'ensuivre !



Selon Macrobe, également auteur de Saturnalia, site de Remacle (Livre I, chap. 7)


Maxima pars Graium Saturno et maxime Athenae

Conficiunt sacra, quae Cronia esse iterantur ab illis,

Eumque diem celebrant: per agros urbesque fere omnes

Exercent epulis laeti: famulosque procurant

Quisque suos, nostrique itidem: et mos traditus illinc

Iste, ut cum dominis famuli epulentur ibidem.


Une très grande partie des Grecs, et principalement les Athéniens, célèbrent en l'honneur de Saturne des fêtes qu'ils appellent Cronia. Ils célèbrent ces jours à la ville et à la campagne, par de joyeux festins, dans lesquels chacun sert ses esclaves. Nous faisons de même; et c'est d'eux que nous est venue la coutume que les maîtres, en ce jour, mangent avec les esclaves.

Alors: Io!  Bona Saturnalia!

Valete, Χαίρετε !

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